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Editorial

Cultiver Ma Féminité

Culture Queer

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Le Journal de Michel-e, bigenre

Avant-Propos

Le Contenu

Á travers les pages de mon site je parle sans détour de mon travestisme bivalent,et de ma part féminine.

Ces pages ne sont pas destinées à un jeune publique sans explications préalables.
C'est pourquoi, ce site est «labélisé contenu pour adulte» ce qui lui permet d’être détecté par les systèmes de contrôle parental ou de protection des mineurs.

Moi en quelque lignes.

Je suis travesti·e bivalent·e, c-à-d que je porte des habits de femme, de la lingerie en ce qui me concerne, de manière constante sans que cela me procure un plaisir sexuel contrairement au travestisme fétichiste qui lui s’habille en femme sporadiquement à la recherche de ce plaisir.

Cette particularité me met mal à l'aise vis-à-vis du rôle social masculin, j’ai toujours plus apprécié la compagnie de (d’autre) femmes, contrairement à celle des hommes dans laquelle je me sens en décalage.
Je n'aime pas la majorité des centres d'intérêt traditionnellement masculins et Je n'ai pas ce besoin inconscient (ou non) de se sentir puissant en parlant de voiture rapide , de sport ou des femmes en des termes superficiels et parfois humiliants.
Je suis conscient·e que tous les hommes ne sont pas aussi caricaturaux et je sais qu’il y en a de très intéressants et très respectueux envers les femmes, mais cela ne change rien à mon inconfort par rapport la masculinité exclusive.

Je me sens mieux avec les (entre) femmes car cela me donne une impression d’être un peu comme elles, dans leur univers, en sachant qu'au moins nous partageons quotidiennement les mêmes gestes et les mêmes inconfort inerrante au port de la lingerie féminine.
Un seul regret : J’aimerais tant faire partie de leurs sorties entre filles, mais je suis un homme…

Ce besoin de vouloir vivre au moins quelques sensations d’être une femme, m’a poussé jusqu'à prendre des hormones pour avoir des seins, je me félicite tous les jours d’avoir osé prendre le risque médical et celui du jugement familial et social.
Chaque matin j’ai le bonheur d’ajuster ma poitrine dans le soutien-gorge du jour après avoir enfilé une culotte assortie ou non, comme le fait n’importe quelle femme qui s’apprête.
Parfois, en journée, je remets furtivement en place une bretelle tombante ou j'éprouve de la sororité en voyant ce geste fait par une (autre) femme.

L’usage du trait d’union et du point médian (·).

J’utilise uniquement le trait d’union dans mon prénom pour unir mon féminin et mon masculin.

Coté grammaire, quand je me sens femme, je m'exprime au féminin sinon j’utilise l’écriture inclusive.
Sur le clavier (PC) on obtient le point médian par Alt 0183.
voir www.ecriture-inclusive.fr

Il était une fois...
Ou pourquoi un petit garçon rêve d'être une fille.

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mon enfance

Pourquoi suis-je comme ça?

Le premier souvenir marquant qui remonte à ma petite enfance, est l'odeur délicieuse de la lingerie de ma mère quand j'ai caressé mon visage avec un de ses soutiens-gorge. C'était si doux, si bon, qu'au moment où j'écris ces mots, je revis cette délicieuse sensation au creux du ventre que j'ai ressenti alors. Régulièrement, en cachette, j’ai renouvelé cette expérience, jusqu'au jour où j'ai eu l'envie de porter un soutien-gorge et une culotte, je crois que c'est à ce moment que j'ai commencé à me caresser.

Le deuxième souvenir remonte à plus tard, un jour j'ai demandé à ma mère pourquoi elle faisait toujours des robes pour ma sœur et jamais rien pour moi ou pour mon frère. "Faire des chemises ou des pantalons, c'est beaucoup trop compliqué !" me répondit-elle. Surement avait-elle raison mais je ne demandais ni chemise ni pantalon, un bonnet, des moufles ou une écharpe auraient suffi à mon bonheur. Simplement avoir moi aussi, quelque chose fait par ma maman, comme ma petite sœur. J'ai vécu cette anecdote comme une grande injustice et j'en fus marqué·e cruellement.

Ma maman a été incapable de témoigner de la tendresse, à mon frère et moi, contrairement à ma sœur. Cette différence était en opposition à cette affirmation « je vous aime tous les trois de la même manière ». Maintenant je sais qu’on n’aime pas de la même manière les personnes qui nous entourent, mais ma sensibilité m’a fait vivre cette situation comme une injustice. Fallait-il donc mieux être une fille pour être aimé·e ? Je sais maintenant qu'inconsciemment à cette question je répondis « oui ». Tout au long de mon enfance, mon milieu familial et ma nouvelle vision des choses allaient confirmer cette impression: "C'est mieux d'être une fille qu'un garçon".
Je me suis donc structuré·e à l'aune de cette vérité et ma personnalité en a été irrémédiablement marquée.

Je vécu mon enfance dans les jupes de ma maman, ne jouant pas avec les autres garçons, je passais mes journées à lire ou à jouer souvent seul sinon avec mon frère et ma sœur.
Je me souviens qu’un jour une émission télévisée montrait un cours d’art martial pour enfant et ma maman demanda si cela pouvait m’intéresser. Je fondis aussi tôt en larmes, rien qu’à l’idée d’apprendre à me battre !

Ma puberté fut tardive: je me souviendrais toujours du médecin en train d'écarter l'élastique de mon caleçon et dire à ma mère que si dans un an rien ne bougeait il me donnerait un traitement hormonal.
Heureusement les choses 'rentrèrent dans l'ordre' d'elles-mêmes. Mais cet épisode n'a pas renforcé mon image de garçon, bien du contraire!

Je me suis toujours senti·e en porte-à-faux avec mes camarades de classe, et pour la drague c’etait pire. Comment trouver un peu d’assurance face à une fille quand on n’est même pas sûr d’être un garçon ?
Car les filles aiment les garçons, mais moi en suis vraiment un ?
Ce doute à nourrit ma timidité toute mon enfance et une partie de mon adolescence. Je trouvais grâce aux yeux de filles elles-mêmes blessées ou fragilisées dans leur personnalité, ce qui permis de me forger un peu d’assurance.

Au milieu de mon adolescence, à ma demande, je devins scout. Le scoutisme me permis de me socialiser et de m’intégrer dans un groupe de garçon, c’est là que j’ai adopté, non sans plaisir, mon rôle de garçon et de jeune homme par la suite. Je dois au mouvement scout la réussite de ma vie sociale car j’y ai appris la confiance en mes capacités et à vaincre ma timidité.

Chez ma psy

Puis-je changer ?

Plus tard, quand j’ai dû expliquer à mon épouse pourquoi je possédais de la lingerie et des habits féminins j'ai fait une thérapie pour comprendre cette irrépressible et profonde attirance pour le monde des femmes.

Au fil des séances, il est apparu que les femmes (ma mère, mes tantes et ma grand-mère du côté maternel) considéraient les hommes comme un mal (mâle) nécessaire, d'ailleurs elles ne faisaient pas l'amour, elles passaient à la casserole ! Sans exception, elles ont toutes divorcés du père de leurs enfants pour se remarier et ce séparer à nouveau pour finalement vivre seules. Pour elles, la famille se composait des femmes et leurs enfants, les maris étant au second plan. Mon beau-père était très amoureux de ma mère, ses sentiments pour elle étaient reconnu par toute la famille.

Mon bigenderisme (à l'époque je disais travestisme), était le résultat de la combinaison du système familial, de mon vécu individuel et de ma personalité de départ, ce n’était donc pas une perversion comme je le vivais mais bien le parcours de vie d'un petit garçon qui à fait ce qu'il a pu pour trouver son équilibre.

Ma thérapeute essaya bien de me mettre en lien total avec ma masculinité, mais malgré le plaisir de jouer le "chevalier servant" auprès de ma femme, je ne su pas évoluer dans cette voie. Le plaisir ressenti lors de ma prise de conscience de ma masculinité, me fit comprendre que ce n'était pas un rôle, comme je le pensais mais bien une partie intégrante de ce que je suis. Je ne remercierais jamais assez ma psychologue de m’avoir permis de retrouvé ma dignité intérieur, et de pouvoir expliqué clairement qui j’étais à mon épouse.

En roue libre

Si je pouvais choisir, voudrais-je être une fille ou un garçon ?

Les années passent, j’entre dans une longue période de chômage, ce fut une période noire, mais parallèlement j’ai utilisé mon temps libre pour explorer mon besoin de vivre avec plus de féminité.

Dans un premier temps je cherche à parfaire mon travestisme, j’appris à me maquiller et m’habiller, je suis sorti·e en plein jour en femme, ce fut des moments intenses remplis de craintes et de plaisirs.
Si me travestir me permettait d’exprimer la femme en moi, je n’étais pas entièrement satisfait·e, c’était trop ou pas assez. Je compris alors que me travestir était une soupape de sécurité, mais aussi que je ne jouais qu’un rôle superficiel. Je me trouvais ridicule car complètement à côté de mes pompes. Après cette prise de conscience, je ne me suis plus jamais travesti·e.
Mais qu’étais-je donc ? C’est quoi être une femme ? Ca fait quoi de l’intérieur ?

Á cette dernière question j’ai essayé de répondre en pratiquant des perfusions au niveau des seins, ce fut une révélation !
Pour la première fois j’avais des seins, temporairement bien sûr, mais je replissais un soutien‑gorge avec mon corps, pas avec des prothèses. C’était mes courbes que bombaient la dentelle, la peau de mes seins qui touchait le fond des bonnets du soutien.
C’est là que je sentis que ma féminité pouvait avoir existence mentale mais aussi une existence physique. Avec mes seins je me suis vu·e autrement, je ne voulais plus être comme une femme. JE SUIS une femme, du moins en partie !

Étais-je intergenre, transgenre, transsexuelle ?
Je décidais donc de m’hormoner pour me féminiser de l'interieur.
La chance me sourit, car une personne que je ne remercierais jamais assez, sensible à ma démarche, me propose de me prescrire des ordonnances d’œstrogel. Au fil des semaines et des mois de nouvelles sensations apparaissent. Savoir que des hormones féminines circulent dans mon corps et le modifient, me donne une assise physique : je ressemble à ce que je suis. Mais un angoisse nait au fond de moi, comment justifier cette poitrine naissante, suis-je vraiment transgenre ? Là encore le doute me saisit. Pourtant ma part de féminité est une certitude tout comme ma masculinité. J’avais tout sous les yeux pour comprendre, mais...

Le genre non-binaire

Homme, femme, faut-il choisir ?

En recherche de renseignement sur le transgendérisme, je trouve le site de l’association « Genres Pluriels » à Bruxelles : www.genrespluriels.be, et je prends rendez-vous avec Max.

En franchissant la porte de la maison arc-en-ciel, mon cœur bat fort et vite : que vais-je découvrir?
Max me reçoit avec un large sourire, accueillant et bienveillant, il m’invite à monter à l’étage et à prendre place dans un fauteuil. J’expose brièvement mon parcours et mon désarroi. Il m’explique qu’un être humain ne se définit pas uniquement par le sexe physique mais aussi par le genre. Par exemple un être de sexe masculin peut être de genre féminin, cette personne n’acceptera pas son corps et désirera changer de sexe. Il m’explique aussi qu’il n’y a pas de frontière entre le masculin et le féminin, mais qu’il existe un continuum entre ces deux extrémités aussi bien sur le plan physique que du genre. Il me fait part aussi de l’aspect sociologique et historique, mais j’écoute à peine car ma pensée tourne à plein régime !
Cette façon d’appréhender les choses, me bouleverse, car elle me débarrasse de la vision binaire et exclusive homme/femme. Je comprends que vivre en homme ou me travestir m’obligeait à renoncer à l’autre partie de moi, d’où mes frustrations. Mais avec cette nouvelle vision je peux me vivre autrement. Je peux être un homme et ressentir ma part de féminité sans conflit. Mon traitement va dans ce sens, je prends de l’œstrogène mais je ne renonce pas à ma testostérone, mon corps est en adéquation avec mon ambiguïté de genre. Des sensations féminines se mélangent aux sensations masculines. Pour la première fois dans ma vie une perspective d’unité intérieure s’offre à moi. Mon désarroi me quitte peu à peu.
Suis-je homme ? Oui, mais pas tout à fait !
Suis-je une femme ? Sans aucun doute aussi !
Je ne dois plus faire un choix exclusif, incompatible avec ce que je vis, car ma féminité n’exclut en rien l’homme que je suis et vis-versa.
Non-binaire plus précisement bigenre, mon genre est entre le masculin et la féminité, il m’a fallu rencontrer Max, pour que je puisse me définir, enfin!

Et maintenant?

Après énormément d'hésitations et de crainte, j’ai finalement pu introduire quelques éléments féminins dans notre vie, (sous-vêtements, lingerie de nuit, chemisiers, …).

Mon épouse a dû subir un traitement médical lourd avec des conséquences sur notre vie sexuelle non négligeables.
Mon bigendérisme avec mon coté féminin pourrait être une ouverture dans notre vie sexuelle.
Pourquoi ne pas laisser ma partie féminine s'exprimer ? Je pourrais devenir un·e partenaire plus sensuel·e, liberé·e de la "performance" masculine.

Aurais-je le courage de lui faire cette proposition ?
Acceptera t-elle ce changement ?
et pourrons-nous inventer une nouvelle sexualité ?

Voilà un nouveau défi, le réussir est une belle promesse de bonheur. C'est à moi de jouer, ou pas !

RTA