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Editorial

Cultiver Ma Féminité

Culture Queer

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Le Journal de Michel-e, transféminin

Avant-Propos

Le Contenu

Á travers les pages de mon site je parle de ma part féminine.

Ces pages ne sont pas destinées à un jeune publique sans explications préalables.
C'est pourquoi, ce site est «labélisé contenu pour adulte» ce qui lui permet d’être détecté par les systèmes de contrôle parental ou de protection des mineurs.

Moi en quelque lignes.

Je suis transféminine, c’est-à-dire qu’intérieurement, je me sens femme, sans pour autant ressentir de dysphorie de genre.
Je me pensais travestie bivalente, mais ce qui me caractérise, c’est la constance avec laquelle je porte de la lingerie, de jour comme de nuit. De plus, j’ai suivi un traitement hormonal de substitution pendant plusieurs années.

Cette tendance inébranlable à inclure de la féminité dans ma vie, jusqu’à modifier mon corps, m’a amenée, au terme d’une discussion avec ChatGPT, à me redéfinir.

Ma transféminité me met mal à l’aise vis-à-vis du rôle social masculin qui m’est attribué. J’ai toujours davantage apprécié la compagnie des (autres) femmes, contrairement à celle des hommes, dans laquelle je me sens comme une intruse.

Être avec les femmes me procure un sentiment d’appartenance à leur univers. Je sais que, comme moi, elles vivent ces petits gestes quotidiens — parfois doux, parfois inconfortables — liés au port de la lingerie.

Un seul regret : j’aimerais tant faire partie de leurs sorties entre filles…

Depuis le jour où j’ai décidé de porter quotidiennement de la lingerie, ce geste est devenu mon plaisir du matin : choisir mon soutien-gorge, ma culotte, ajuster mes seins dans les bonnets… c’est un véritable bonheur. Le soir venu, enfiler une nuisette devient un doux rituel qui m’ancre dans ma féminité.

Avoir une poitrine a été l’une des décisions les plus heureuses de ma vie.

Il était une fois...
Ou pourquoi un petit garçon rêve d'être une fille.

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mon enfance

Pourquoi suis-je comme ça?

Mon premier souvenir marquant remonte à la petite enfance : le contact et l’odeur d’un soutien-gorge de ma mère contre mon visage. Ce mélange de douceur et de féminité m’a bouleversé·e, au point que j’y retournais en secret, jusqu’au jour où j’ai eu envie de porter cette lingerie… et de me caresser.

Plus tard, j’ai demandé à ma mère pourquoi elle cousait des robes pour ma sœur et rien pour mon frère ou moi. Elle répondit que les pantalons et chemises étaient trop compliqués. Mais je n’en demandais pas tant, juste un bonnet, une écharpe, n’importe quoi… pour avoir, moi aussi, quelque chose fait par elle. J’ai ressenti une profonde injustice, renforcée par la différence d’affection qu’elle témoignait à ma sœur. Je me suis alors inconsciemment demandé s’il fallait être une fille pour être aimé·e. Et, sans le dire, j’ai répondu « oui ». Toute mon enfance a confirmé cette impression, me façonnant autour de l’idée qu’"être une fille, c’est mieux".

Je ne jouais pas avec les garçons. Je lisais, restais seul·e, ou jouais avec mes frère et sœur. Un jour, ma mère m’a proposé un cours de karaté : j’ai éclaté en sanglots à l’idée d’apprendre à me battre.

Ma puberté fut tardive. Un médecin parla d’un éventuel traitement hormonal. Finalement, "les choses sont rentrées dans l’ordre", mais cet épisode fragilisa encore davantage mon sentiment d’être un garçon.

Je me suis longtemps senti·e en décalage avec les autres, particulièrement dans la séduction. Comment séduire une fille quand on doute soi-même d’être un garçon ? J’étais proche de filles blessées ou timides, avec qui je trouvais un écho à mes propres fragilités.

Vers 15 ans, je suis devenu scout. Ce cadre m’a permis de trouver ma place parmi les garçons, d’apprivoiser ce rôle masculin, et surtout de sortir de ma timidité. J’y ai acquis une certaine confiance, qui m’a aidé dans la suite de ma vie sociale.

Chez ma psy

Puis-je changer ?

lus tard, quand j’ai dû expliquer à mon épouse pourquoi je possédais de la lingerie et des habits féminins j'ai fait une thérapie pour comprendre cette irrépressible et profonde attirance pour le monde des femmes. Au fil des séances, il est apparu que les femmes (ma mère, mes tantes et ma grand-mère du côté maternel) considéraient les hommes comme un mal (mâle) nécessaire, d'ailleurs elles ne faisaient pas l'amour, elles passaient à la casserole ! Sans exception, elles ont toutes divorcés du père de leurs enfants pour se remarier et ce séparer à nouveau pour finalement vivre seules. Pour elles, la famille se composait des femmes et leurs enfants, les maris étant au second plan. Mon beau-père était très amoureux de ma mère, ses sentiments pour elle étaient reconnu par toute la famille. Mon travestisme (à l'époque), était le résultat de la combinaison du système familial, de mon vécu individuel et de ma personnalité de départ, ce n’était donc pas une perversion comme je le vivais mais bien le parcours de vie d'un petit garçon qui à fait ce qu'il a pu pour trouver son équilibre. Ma thérapeute essaya bien de me mettre en lien total avec ma prétendue masculinité, mais malgré le plaisir de jouer le "chevalier servant" auprès de ma femme, je ne su pas évoluer dans cette voie. Mais plaisir ressenti lors de ces rôles masculin, était partagé par mon épouse ce qui m’a permis de retrouvé ma dignité intérieur vis-vis de notre couple et de pouvoir expliqué clairement qui j’étais à mon épouse.

En roue libre

Si je pouvais choisir, voudrais-je être une fille ou un garçon ?

Les années passent, j’entre dans une longue période de chômage, ce fut une période noire, mais parallèlement j’ai utilisé mon temps libre pour explorer mon besoin de vivre avec plus de féminité.

Dans un premier temps je cherche à parfaire mon travestisme, j’appris à me maquiller et m’habiller, je suis sorti·e en plein jour en femme, ce fut des moments intenses remplis de craintes et de plaisirs.
Si me travestir me permettait d’exprimer la femme en moi, je n’étais pas entièrement satisfait·e, c’était trop ou pas assez. Je compris alors que me travestir était une soupape de sécurité, mais aussi que je ne jouais qu’un rôle superficiel. Je me trouvais ridicule car complètement à côté de mes pompes. Après cette prise de conscience, je ne me suis plus jamais travesti·e.
Mais qu’étais-je donc ? C’est quoi être une femme ? Ca fait quoi de l’intérieur ?

Á cette dernière question j’ai essayé de répondre en pratiquant des perfusions au niveau des seins, ce fut une révélation !
Pour la première fois j’avais des seins, temporairement bien sûr, mais je replissais un soutien‑gorge avec mon corps, pas avec des prothèses. C’était mes courbes que bombaient la dentelle, la peau de mes seins qui touchait le fond des bonnets du soutien.
C’est là que je sentis que ma féminité pouvait avoir existence mentale mais aussi une existence physique. Avec mes seins je me suis vu·e autrement, je ne voulais plus être comme une femme. JE SUIS une femme, du moins en partie !

Étais-je intergenre, transgenre, transsexuelle ?
Je décidais donc de m’hormoner pour me féminiser de l'interieur.
La chance me sourit, car une personne que je ne remercierais jamais assez, sensible à ma démarche, me propose de me prescrire des ordonnances d’œstrogel. Au fil des semaines et des mois de nouvelles sensations apparaissent. Savoir que des hormones féminines circulent dans mon corps et le modifient, me donne une assise physique : je ressemble à ce que je suis. Mais un angoisse nait au fond de moi, comment justifier cette poitrine naissante, suis-je vraiment transgenre ? Là encore le doute me saisit. Pourtant ma part de féminité est une certitude tout comme ma masculinité. J’avais tout sous les yeux pour comprendre, mais...

Le genre non-binaire

Homme, femme, faut-il choisir ?

En recherche de renseignement sur le transgendérisme, je trouve le site de l’association « Genres Pluriels » à Bruxelles : www.genrespluriels.be, et je prends rendez-vous avec Max.

En franchissant la porte de la maison arc-en-ciel, mon cœur bat fort et vite : que vais-je découvrir?
Max me reçoit avec un large sourire, accueillant et bienveillant, il m’invite à monter à l’étage et à prendre place dans un fauteuil. J’expose brièvement mon parcours et mon désarroi. Il m’explique qu’un être humain ne se définit pas uniquement par le sexe physique mais aussi par le genre. Par exemple un être de sexe masculin peut être de genre féminin, cette personne n’acceptera pas son corps et désirera changer de sexe. Il m’explique aussi qu’il n’y a pas de frontière entre le masculin et le féminin, mais qu’il existe un continuum entre ces deux extrémités aussi bien sur le plan physique que du genre. Il me fait part aussi de l’aspect sociologique et historique, mais j’écoute à peine car ma pensée tourne à plein régime !
Cette façon d’appréhender les choses, me bouleverse, car elle me débarrasse de la vision binaire et exclusive homme/femme. Je comprends que vivre en homme ou me travestir m’obligeait à renoncer à l’autre partie de moi, d’où mes frustrations. Mais avec cette nouvelle vision je peux me vivre autrement. Je peux être un homme et ressentir ma part de féminité sans conflit. Mon traitement va dans ce sens, je prends de l’œstrogène mais je ne renonce pas à ma testostérone, mon corps est en adéquation avec mon ambiguïté de genre. Des sensations féminines se mélangent aux sensations masculines. Pour la première fois dans ma vie une perspective d’unité intérieure s’offre à moi. Mon désarroi me quitte peu à peu.
Suis-je homme ? Oui, mais pas tout à fait !
Suis-je une femme ? Sans aucun doute aussi !
Je ne dois plus faire un choix exclusif, incompatible avec ce que je vis, car ma féminité n’exclut en rien l’homme que je suis et vis-versa.
Non-binaire plus précisement bigenre, mon genre est entre le masculin et la féminité, il m’a fallu rencontrer Max, pour que je puisse me définir, enfin!

Et maintenant?

Après énormément d'hésitations et de crainte, j’ai finalement pu introduire quelques éléments féminins dans notre vie, (sous-vêtements, lingerie de nuit, chemisiers, …).

Mon épouse a dû subir un traitement médical lourd avec des conséquences sur notre vie sexuelle non négligeables.
Mon bigendérisme avec mon coté féminin pourrait être une ouverture dans notre vie sexuelle.
Pourquoi ne pas laisser ma partie féminine s'exprimer ? Je pourrais devenir un·e partenaire plus sensuel·e, liberé·e de la "performance" masculine.

Aurais-je le courage de lui faire cette proposition ?
Acceptera t-elle ce changement ?
et pourrons-nous inventer une nouvelle sexualité ?

Voilà un nouveau défi, le réussir est une belle promesse de bonheur. C'est à moi de jouer, ou pas !

RTA