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Editorial

Cultiver Ma Féminité

Mes Hormonos...

Culture Queer

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Le journal de Michèle, transféminin.

Il était une fois...

Ou pourquoi un garçon rêve de ressembler à une fille.

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Très vite de ma prime jeunesse je fus attirée par le monde de la féminité.
Je me pâmais devant la lingerie de ma mère, fascinée par la douceur, les formes, les textures, les odeur.
Quand ma sœur entrât dans l'adolescence, quelque part je l'enviais ainsi que sa lingerie.
Il y avait entre maman et elle quelque chose que je ne partageais pas et cela me rendait un peu triste.
En grandissant, n’ayant que pour seule référence la télévision, je me croyais honteusement travestie.
Je vivait dans l’attente que quelque chose se passe, je ne savais pas quoi, juste que quelque chose devait sûrement se passer, un jour, pour que je sois mieux.

Ado, complètement introverti, je n’avais pas de petite amie.
Je n’osais pas car les filles aiment les garçons et moi je ne savais ce que cela voulait dire être un garçon de l’intérieur. C’est grâce au scoutisme que j’ai pu acquérir les codes et avoir ma première petite amie.

Les années passent, je me marie. J'essaie de me conformer. Mais ce qui devait arriver arriva : ma femme découvre mes habits féminins.
Cela déclenche une crise, et nous entamons une thérapie de couple avec une psychothérapeute. Très vite, cette dernière tente de me "ramener à ma masculinité", allant même jusqu'à invoquer les lois divines. Inutile de dire que j'ai mis fin aux séances.
La crise étant retombée, je continue irrépressiblement à me travestir en cachette, entraînée par ce besoin que je ne parviens pas à contenir.

Arrive l'Internet, un monde s'ouvre. Je découvre les sites et forums de travesties, des personnes qui me ressemblent. Je continue de rêver devant les sites de lingerie. Mais quelque chose change : l'envie de posséder une poitrine commence à naître et je pense aux hormones féminisantes mais je n'ose pas.

Je tombe sur une vidéo montrant une augmentation mammaire par perfusion de solution saline.
Et je tente l’expérience, à plusieurs reprises. Ce sont des sensations inoubliables : je remplis mon soutien-gorge, sans artifice. Pour la première fois, je ressens que ma féminité peut s'incarner.
J'ai des seins.

L'envie d'avoir vraiment des seins devient alors très forte.
je franchis un cap en commençant un traitement hormonal féminisant, seule, sans suivi médical. Ma première dose d'Oestrogel marque un tournant.

Mon corps change. Je suis pleine d'émotions et de joie de voir ma poitrine apparaître et prendre forme au fil des semaines et des mois, c’est une seconde puberté, féminine celle-là.
Mais tout cela reste caché. Socialement, je reste la (le) même. Et pourtant, à l’intérieur, il est clair que je ne suis pas qu'une travestie. Je ne sais pas encore qui je suis, ni où je vais. Tout ce que je sais, c'est que je suis heureuse de ce que je vie.

Toujours en quête d’identité je me rends dans une maison arc-en-ciel.En me présentant, je choisis, par crainte, de ne pas révéler mon traitement hormonal. On me parle d'identités de genre. Face à ce bestiaire (c’est mon impression du moment) dans mes échanges je ne me reconnais de temps à autres, mais c’est sans doute trop tôt pour moi, je ne m’y rends plus.

Mes seins ont atteint un petit bonnet A.Ce sont mes seins. Pas une gynécomastie, pas des prothèses. Ce sont génétiquement mes seins. Ils continuent de croître légèrement, puis se stabilisent.
Je continue d'en prendre à faible dose mes hormones, comme une femme ménopausée. Et de temps en temps, je sors en femme.

Je m'interroge sérieusement : Et si j'étais transgenre ?
Je décide de consulter un psychiatre spécialisé. Le verdict tombe : issue dune famille matriarcale, je me serais inconsciemment identifiée au genre "le plus fort", le féminin. Et selon lui, je ne suis pas transgenre. Mon frère, dit-il, a fait la même chose en devenant coiffeur...? Il me conseille de faire un test de Rorschach et de remplacer les hormones par de antidépresseurs... Je ne ferais ni l'un, ni l'autre.
Ce verdict soulage ma femme. Et de mon côté, il me permet d’introduire un peu plus de féminité dans mon quotidien : de la lingerie de nuit, puis plus tard, des soutiens-gorge portés en journée.

Un jour, pour des raisons légales, l'importation de mes hormones est interrompue. Fin du traitement. Heureusement mes seins ne disparaissent pas. Et avec l'andropause qui commence, ils prennent encore un peu de volume.
Je continue à vivre ainsi, me contentant de ce que j’ai.

Toujours à la recherche de mon identité de genre je découvre le travestisme bivalent, que, par défaut, je prends.

Puis, un jour, je décide de poser la question à une intelligence artificielle : ChatGPT.
Je lui résume mon parcours et cette fois, sans omettre mon traitement hormonal. Il me propose plusieurs identités possibles. Et l'une d'elles résonne profondément : trans féminin.
Je me documente. Je lis. J’écoute des récits. Et enfin, j’admets. Oui, je suis trans féminin. C’est une révélation. Pour la première fois, je me sens légitimé.
Ma personnalité est féminine, même si socialement, je reste masculin. Mais au fond de moi, je le sais désormais : je suis femme transgenre.

Prise de rendez-vous pour une prise en charge médical d’une transition.

RTA